Au Ve siècle avant J.C., des Phocéens débarquèrent à Agde pour y installer une colonie et fonder la cité. Dans leurs bagages, ils apportèrent la vigne, dont ils maîtrisaient déjà la culture. C’est ainsi que l’Hérault devint, avec Marseille, le berceau de la viticulture française. Mais les Phocéens ne se doutaient pas que cette plante allait profondément modifier les paysages, l’histoire et l’économie de toute une région. Rapidement, la culture de la vigne s’étendit jusqu’à Narbonne et Marseille.
Si les Grecs ont implanté la vigne, ce sont les Romains qui ont appris aux Gaulois à améliorer sa culture et la vinification. Le vieillissement en fûts de chêne semble toutefois une invention gauloise. Le vin local est bon et s’exporte de la botte italienne jusqu’à la péninsule ibérique. Mais la chute de l’Empire romain au IVe siècle marque la fin de la « Pax Romana », et la culture de la vigne dans la région tombe progressivement dans l’oubli. Il faut attendre le IXe siècle et la reprise du travail de la vigne par les moines Cisterciens pour que le vin reprenne une importance dans l’activité économique du département. Les monastères et abbayes sont alors entourés de vigne, car le vin est sacré et consommé lors des nombreuses cérémonies religieuses. Au XVIe et XVIIe siècles, les techniques de culture et de vinification s’affinent, mais sans connaître de bouleversements majeurs.
Faute de moyens de transports adaptés, la consommation de vin en France reste localisée sur chaque vignoble. Au début du XVIIIe siècle la vigne est déjà importante à Bessan mais c’est en 1770, suite à des mesures prises par le Roi pour favoriser le défrichement, que la vigne va s’étendre davantage. Elle va se cultiver dans un premier temps sur les terres pauvres où la garrigue gagne, puis va descendre dans la plaine où régnaient auparavant les céréales. Avec l’accroissement de la demande, la construction des chemins de fer et du Canal du Midi, la culture de la vigne va connaître une croissance exponentielle au XIXe siècle. Le Languedoc-Roussillon est couvert de ceps de vigne qui feront la fortune des grands propriétaires.
Les terres bessanaises sont propices à cette culture et tous les atouts sont réunis : elles disposent à la fois d’un climat favorable, d’une excellente exposition, d’une vaste gamme de cépages et de la richesse des sous-sols de type sédimentaires et basaltique. Bien que jalonnée d’évènements marquant (phylloxera en 1856, gelées en 1956, la concurrence du vin italien...) la vigne restera prédominante à Bessan. Aujourd’hui encore, c’est tout au long de l’année et au rythme des saisons, que les vignerons et la cave coopérative « Le Rosé de Bessan » œuvrent pour obtenir une vendange optimale et élaborer des vins selon des critères rigoureux.
Après avoir privilégié pendant des décennies la productivité, les vignerons ont réalisé que leur salut viendrait de la qualité. Ils ont donc réduit les rendements, modifié l’encépagement et investi dans du matériel de pointe. Essentiellement productrice de vins rosés, Bessan se distingue avec ses crus lors de nombreux concours, exprimant à travers eux, toute la richesse d’un terroir. Une volonté affichée d’offrir aux consommateurs des vins riches, variés et d’excellente qualité, dans le respect du patrimoine naturel.
En toutes saisons, le vignoble bessanais égrène le paysage de sa palette de couleurs. La vigne est à Bessan, une culture, une civilisation profondément inscrite dans la mémoire confondue des paysages et des hommes, et aujourd’hui une dynamique pour l’avenir.