En se baladant au cœur du centre historique, quatre rues convergent vers l’église Saint-Pierre. En les empruntant, on peut apercevoir une cloche enfermée dans la flèche en fer forgé du clocher. Cette dernière est reconnue pour être la plus vieille du département de l’Hérault toujours en usage. Petit zoom sur cet élément discret... mais non moins important du patrimoine Bessanais.
C’est au XIVe siècle, que l’église Saint-Pierre se dote d’un imposant clocher, en surélevant la partie occidentale construite en pierres basaltiques. A cette même époque, et plus précisément en 1388, la cloche sera fondue. Elle rythmera quotidiennement la vie locale durant près de 464 ans, puisqu’elle servira de timbre à l’ancienne horloge placée au-dessus du portail d’entrée jusqu’en 1852. En 1937, la municipalité en exercice décide de détruire la partie supérieure du clocher ainsi qu’un bâtiment attenant pour des besoins de sécurité. La flèche octogonale est remplacée par un campanile en fer forgé, plus léger (celui que l’on peut encore voir aujourd’hui) et la cloche située sur la corniche extérieure, supportée par deux piliers de maçonnerie en très mauvais état, sera alors déplacée de son emplacement originel pour intégrer le campanile. Aujourd’hui, elle continue de sonner : parfois le glas pour les défunts, parfois pour mêler son tintement à la liesse des jours de fête. Mais regardons là de plus près !
C’est sans doute l’œuvre d’un fondeur de cloches itinérant. Sa taille est modeste puisqu’elle mesure moins d’un mètre de hauteur. Sa circonférence au niveau du cerveau (la partie haute de la cloche se nomme ainsi) est de 1,16 m et de 2,26 m pour la partie basse. Le tout, pour un poids total de 275 kg. Sa forme est allongée, en « tronc de cône », et a été établie sur la planche d’échantillon en tracé épais. Le métal manque de finesse et laisse supposer que, dès la coulée achevée, la cloche n’a pas été suffisamment limée ou polie par le fondeur. Dans sa partie supérieure, on trouve une inscription qui court sur une seule ligne enserrée dans un décor en double cordon. Voici l’inscription en latin que l’on peut lire : « ANNO DOMINI MILLESIMO TRECENTESIMO OCTOGESIMO OCTAVO SANCTE PETRE SANCTA CATERINA JHESUS ». Il s’agit de son année de fabrication (1388) et la dédicace à Saint-Pierre, patron de l’église et Sainte-Catherine (Princesse d’Alexandrie qui vénéra la Science et la Foi).
La technique employée pour cette inscription est celle de la matrice gravée, comme l’indique la présence d’un « dossier » supportant les lettres. Celles-ci sont en capitales de style gothiques et ornées. On note aussi la présence de motifs comme un cartouche ovale avec 2 clés surmontées d’une mitre (sûrement pour appuyer une dédicace à Saint-Pierre) ou encore une étoile à huit rayons. Enfin, il faut souligner l’exceptionnelle crucifixion (pour l’art campanaire de l’époque) comportant un soleil à droite et un croissant de lune à gauche.
Mais attention : une cloche peut en cacher d’autres ! A l’époque révolutionnaire, il en existait 4 autres, qui ont toutes été envoyées au district de Béziers pour être transformées en canons. Désormais, il n’y en a plus que 3 : celle de 1388, puis la cloche décadaire (plus grosse, qui sonne les heures) et une plus récente (qui sonne, par exemple, l’Angélus), toutes deux situées à l’intérieur du clocher. Référence : « Deux cloches du XIVème siècle », L-E THOMAS, curé de Saint-Aphrodise, 1944. Merci aux sapeurs-pompiers de Bessan pour les photographies de la vieille cloche prises lors d’une récente manœuvre d’entraînement.